Êtes-vous d'age légal pour consommer de l'alcool?
Vivace aromatique qui appartient à la famille des astéracées et au genre Artemisia, elle pousse généralement sur les sols rocailleux d’altitude à travers plusieurs pays d’Europe. Ayant une grande affection pour la lumière et le soleil, l'Artemisia absinthium fleurit pendant la saison estivale. Au Québec, on retrouve généralement sa cousine, l’Artemisia vulgaris, à l’état sauvage, à travers les chemins et les prés.
Parfum distinctif anisé, mentholé et très aromatique. Ses huiles essentielles proposent un caractère amer, surtout provoqué par la thuyone. À fortes doses, ce composé organique, également présent dans le genévrier et la tanaisie, offre une gamme d’effets nocifs. Aujourd’hui, sa teneur est soigneusement encadrée dans les breuvages et la nourriture.
L’absinthe, en tant que boisson alcoolisée, s’introduit par un médecin pour ses propriétés toniques, digestives et vermifuges, à la fin du 17e siècle. Reconnue pour apaiser les symptômes fiévreux et les maux de ventre, elle aurait même servi à la purification de l’eau qui abreuve les soldats, vu son taux d’alcool élevé.
Quelques années plus tard, la distillerie Pernod perfectionne sa recette et l’élixir gagne en popularité. Un breuvage aux saveurs enivrantes, peu dispendieux et dégusté avec du sucre et de l’eau glacée. Plusieurs la consomment tels que les intellectuel.le.s, écrivain.e.s et artistes de l’époque. Elle est rapidement adoptée dans les cafés européens, et même à l’international, dans une ambiance créative et bohème pour l’apéro. C’est l’heure verte.
Mais, l’absinthe ne fait pas l’unanimité... De nombreux mythes circulent à son sujet. Un des plus soutenus demeure que l’absinthe provoquerait des hallucinations et qu’elle pourrait rendre fou.lle. Cette préoccupation, souvent exagérée, provient du dosage incertain de thuyone dans les recettes maison. Une association directe au délire, à la santé mentale et à l’alcoolisme s’installe. La réalité dépasse toutefois la fiction : les buveur.euse.s la surconsomment, simplement.
À cette époque, la consommation d’absinthe commence à concurrencer celle du vin, pilier de l’économie française. Sa popularité, son taux d’alcool élevé et sa disponibilité relativement abordable menacent les vigneron.ne.s. Les voix s’élèvent et les critiques deviennent de plus en plus fortes. Les entités viticoles misent sur une dégradation publique de la boisson verte avec les mêmes jugements sur la santé mentale et physique.
Ces critiques, en partie motivées par la rivalité économique, ont contribué aux mouvements de tempérance et aux campagnes visant à restreindre ou interdire la consommation d'absinthe. De nombreuses manifestations mènent officiellement à son interdiction dans les pays d’Europe. Au début du 20e siècle, le spiritueux n'apparaît plus sur les tablettes.
Vers le début des années 2010, la réglementation entourant la teneur en thuyone est révisée. Elle permet une réintroduction de la Fée verte sur le marché européen et même québécois.
Muse de plusieurs artistes impressionnistes et symbolistes célèbres du passé, l’absinthe inspire à créer de nombreux poèmes et plusieurs toiles. Selon la communauté, elle ouvre l’esprit et favorise l’imagination. Nombreux.se la représentent à travers des scènes de la vie quotidienne, de cafés et de solitude. Plusieurs l’associent à l’évasion d’une vie monotone et sans saveur. Symbole de l’introspection, illustrée dans monde mystique ou même mythique.
En raison de ses caractéristiques distinctives et de son passé, ce spiritueux se voit attribuer plusieurs dénominations. La Fée verte ou Green fairy pour désigner sa couleur verte émeraude. Un nom dû aux effets hallucinatoires et même magiques qui poussaient la créativité des buveur.euse.s. L’heure verte signifie le moment de la journée où la consommation d’absinthe était à son apogée. Le 5 à 7 ou l’apéro en lieux artistiques. L’Opale provient de la dilution du spiritueux avec l’eau et le sucre. Ce surnom décrit l’apparence laiteuse de l’émulsion, sa lueur iridescente et changeante telle cette pierre précieuse.
Ajout d’une notion théâtrale, le rituel propose une série de manipulations pour enjoliver la préparation et la consommation.
Un cube de sucre repose sur une cuillère munie de trous déposée sur un verre contenant de l’absinthe. De l’eau glacée se verse goutte à goutte sur le sucre à l’aide d’une fontaine à absinthe. La lenteur permet une dilution progressive. Le mélange libère des arômes et provoque l’émulsion des huiles essentielles. Ce processus crée un liquide opaque, laiteux, qu’on appelle l’effet louche. Une expérience sensorielle captivante.
Cette technique, encore utilisée aujourd’hui, reste la façon la plus commune de déguster l’absinthe. Notre section cocktails comprend plusieurs recettes associées à ce rituel.
La confection de ce breuvage mythique s’entame par l’utilisation de la grande et petite absinthe. La première est sélectionnée pour son caractère amer et parfumé tandis que la seconde est choisie dans le but d’ajouter un soupçon de douceur à la recette. L’anis et le fenouil sont ensuite ajoutés à l’alcool neutre de blé et de seigle, amorçant ainsi la première macération. Le mélange est ensuite chauffé pour recueillir les vapeurs sous forme liquide, donnant naissance à une absinthe transparente.
Une deuxième macération, cette fois avec un nouvel ensemble de plantes provenant de la Ferme Ciel sur Mer située à La Malbaie, est nécessaire pour obtenir une teinte verte naturelle. Les botaniques sont insérées dans d'immenses sacs d'infusion déposés dans le liquide, puis soigneusement pressées afin d'extraire un maximum de chlorophylle.
La dernière étape du processus de fabrication consiste à diluer l'absinthe obtenue à 71 % et à la laisser reposer dans la cuve pendant une semaine.
En petite bouteille de 350 ml, pour une dégustation teintée d’opalescence.